BREF, HIER SOIR, J’AI PHOTOGRAPHIé STING

BREF, HIER SOIR, J’AI PHOTOGRAPHIé STING

Photographier Sting, c’est d’abord se réjouir. Sauter en l’air, enfin sur sa chaise, en criant « YESSSSS »  le poing levé et en interrompant toutes les conversations autour, quand le mail tant attendu du tourneur de la star en question arrive dans sa boite aux lettres.


Photographier Sting, c’est commencer à se réjouir un peu moins quand on apprend que les photos devront se faire de derrière la console son, soit à 30 mètres de la scène, et que pour espérer faire quelques photos exploitables, vous devrez au préalable, courir à l’autre bout de la ville sous une pluie battante pour récupérer un multiplicateur pour le zoom de l’appareil photo dont le prix va vous faire dire qu’il vous FALLOIR réussir les photos pour digérer le coût de l’achat en question.

On an on the rain will fall…

PhotographierSting, c’est se réjouir encore moins quand vous réalisez, à 5 minutes du début du spectacle, que « derrière la console son » signifie derrière des barrières qui sont elles mêmes derrière des personnes totalement non concernées et non informées des contraintes qui sont les vôtres, que vous allez devoir menacer de mort avec torture préalable dès les premières notes du concert pour qu’elles consentent à se pousser pendant le temps qu’on vous a imparti pour faire ce qui vous avait tant réjouit 48h plus tôt, c’est à dire photographier la star de la chanson anglaise à textes durant les deux premiers titres du concert.

C’est rentrer chez soi, charger les photos sur son ordinateur, les ouvrir avec son application de développement favorite L….r..m, et ne plus se réjouir du tout, en constatant l’habileté manifeste que vous avez acquis en quelques minutes pour appuyer avec une régularité inconnue jusqu’à lors, sur la touche X du clavier signifiant « photo non retenue » c’est à dire photo qui va à plus ou moins brève échéance se retrouver dans la corbeille et qui, en tout état de cause, ne se trouvera pas dans la sélection que vous enverrez à la publication le lendemain (et que vous lisez en ce moment !).

On and on the rain will say…

Photographier Sting, c’est se dire à 4 heures du matin, après avoir réussi à faire émerger une sélection de clichés qui vous aura fait transiger avec tout ce que vous auriez refusé sur une photo en temps habituel, que vraiment, cet immense artiste n’a plus rien à prouver ni à craindre pour ne pas accorder aux chasseurs d’images, le droit de s’approcher ne serait ce qu’au niveau des gradins, pour faire les clichés qu’on espère tellement réussir, quand on est photographe, et qu’on aime et qu’on écoute Sting depuis….20 ans.

How fragile we are

C’est se dire enfin que le plus francophone des chanteurs britanniques, malgré tous les grincements de dents et autres désespoirs en chaîne occasionnés par les conditions photos imposées et le résultat décevant qu’il en est sorti, a réussi ce soir à vous émouvoir, encore une fois, et que ça ne sera pas la dernière.

NB : article initialement paru sur Soul Kitchen Webzine

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