Alain Souchon, les pieds sur terre et la tête dans les étoiles.

Alain Souchon, les pieds sur terre et la tête dans les étoiles.


Il est une génération d’artistes auteurs compositeurs français, biberonnés à la musique anglo-saxonne des années 60 et 70, qui, quand ils ont commencé à écrire leurs propres compositions, ont cherché à mettre des mots français, mais surtout des textes qui avaient un sens, sur la pop anglo saxonne qu’ils aimaient tant.

 Alain Souchon est de ceux là.

Âmes Fifties

Devant le Dôme de Paris (anciennement Palais des Sports) rempli pour la troisième soirée consécutive, Alain s’avance seul avec sa guitare. Entame en acoustique Allo Maman Bobo avant d’être rejoint pas ses musiciens.

Il enchaîne sur les titres de son nouvel album, dont les magnifiques Âmes FifitiesIci et LàUn terrain en pente.  Entre les nouveaux titres s’insèrent les tubes qui ont jalonné sa carrière.  Le Bagad de Lann-BihouéLa beauté d’Ava Gardner et même l’intimiste On s’cache des choses (régulièrement repris sur scène par Vincent Delerm) qu’il interprète seul et fragile, au piano.

C’est une continuité, Souchon, une fidélité à ce qu’il est comme à ce que nous sommes. Les nouveaux titres s’accordent parfaitement avec les intemporels Foule SentimentaleC’est déjà ça ou La vie ne vaut rien. Une poésie immuable qui sait interpeller comme bercer et rassurer.

Foule Sentimentale

19 novembre 2015. Alain Souchon investit la Halle Tony Garnier avec son complice de toujours Laurent Voulzy. Nous sommes six jours après les attentats du Bataclan. Pour la première fois, devant la salle, la sécurité a fait placer le public en deux rangées. Les hommes d’un coté, les femmes de l’autre. Fouille au corps, détecteur de métaux. La salle est frileuse, presque transie par l’émotion, et la volonté de résistance qu’il a fallu pour retourner dans une salle de spectacle après le séisme parisien. Ces salles de concert, que quelque uns de mes camarades comparaient volontiers à des cathédrales païennes, dévolues au culte éphémère de Dieux musicaux multiples et divers.

Ces cathédrales ne sont plus. On a tué dedans. La fête est finie. Plus rien ne sera jamais comme avant.

Ce soir là, Alain interprète avec plus d’intensité et d’émotion que d’habitude, Et si en plus y’a personne. A la fin de la chanson, ou du concert j’ai oublié, mais je me souviendrai toujours de cette pluie de pétales de rose en papier qui se déversent sur le public. Des petits morceaux de papier comme des gouttes de pluie ou de larmes qui nous ont reconnectés à la vie après ce sanglant vendredi qui nous avaient laissés transis. Continuer, revenir, rechanter. Se réjouir à nouveau devant une scène, c’était encore possible, c’était toujours beau, ça ne devait jamais cesser de l’être. Alain m’avait fait revenir à la vie musicale ce soir là, le premier jour de la vie d’après.

Quatre ans plus tard, hier au soir, quand il a interprété cette chanson, le public s’est levé.

Alain rend universel ce qu’il y a en chacun de nous d’humanité.

Mais tout ça vous le savez déjà, vous le savez forcément parce que vous y étiez aussi.

NB : article initialement paru sur Soul Kitchen Webzine.

Laisser un commentaire