Paire d’as sur tapis rouge : Alain Souchon et Francis Cabrel en concert au Festival de Nîmes.

Paire d’as sur tapis rouge : Alain Souchon et Francis Cabrel en concert au Festival de Nîmes.

4h de route au lieu de 2 en temps normal. En temps hors départ en vacances je veux dire. 4h de route pour aller voir Alain Souchon et Francis Cabrel en concert sur la scène mythique des arènes de Nîmes. Je ne me serai jamais autant répété « on a qu’une vie » et « Souchon et Cabrel quand même ! » en rajoutant  » ET en concert aux arènes de Nîmes » pour faire taire la voix à l’intérieur de moi, me rappelant à raison, que Cabrel et Souchon seraient sur les routes à la rentrée pour des concerts en salle, près de chez moi, et que je pourrai les voir, individuellement certes, mais sans avoir à affronter 3h de bouchons sur 4h de route.

Cabrel ET Souchon. A la suite certes, mais sur une même scène, voir défiler des heures passées à écouter des K7. Le son crépitant sur les mauvais autoradios des voitures, les albums méconnus repiqués à la médiathèque. Les paroles photocopiées et apprises par cœur, les bests of repassés en boucle.

Souchon + Cabrel = Fifty percent of Chorus

Cabrel ET Souchon c’est aussi 50% de la « table ronde » du fameux magazine Chorus de Fred Hidalgo, qui rassemblait outre les deux précédents cités, Jean-Jacques Goldman et Yves Simon. Il y a eu trois tables rondes, en 1992, 1995 et 2002. Trois espaces libres surent lesquels Cabrel, Goldman, Simon et Souchon, les parrains de Chorus, ont divergé sur leur métier, les maisons de disques, le succès, la production et l’actualité politique.

Alors quand Alain Souchon a entamé « Âmes Fifties » à la guitare, en prévenant le public que son jeu de guitare faisait toujours beaucoup rire son complice Laurent Voulzy, j’ai repensé à cette table ronde justement, où en 2002, Cabrel et Goldman se moquaient (gentiment) du jeu de guitare de leur camarade : « on sait pas comment ça s’appelle, ce que tu fais, mais on entend quand même que c’est bien » (Goldman), « tu joues un peu comme… Guy Béart » (Cabrel) ou Goldman imitant Alain : « Ma p’tite Bill elle est malade…Bling blang ! ». Alain Souchon, sans se départir de son flegme, leur répondait alors qu’il s’agissait de picking. Eux (Goldman et Cabrel), ne pouvaient pas connaître car ils étaient plus jeunes !

Alain Souchon a encore et toujours…. 10 ans

Justement. L’âge d’Alain Souchon… si on en parle, c’est pour dire qu’il parait toujours aussi jeune. Quand je le regardais samedi faire ses mimiques, écouter raconter des histoires comme chanter. .. Je le revois sur la pochette de mon vinyle, celui où il y a « J’ai 10 ans ». C’est le même personnage, comme si le temps n’avait pas de prises sur lui. Je l’écoute se recueillir sur « Et si en plus y’a personne » accompagné seulement par le merveilleux Michel-Yves Kochman à la guitare. S’agiter et s’indigner sur « Foule sentimentale »… Et je vois toujours MON Souchon. Chaque album, et Âmes Fifities n’a pas échappé à la règle, est une pépite autant musicale que cinématographique qui s’ajoute à la collection. Oui, j’aime et j’aimerai Souchon, comme dirait Francis Cabrel, qui lui succèdera sur la scène.

« Nous sommes une poignée d’auteurs compositeurs et Francis est le meilleur » a dit très humblement Alain pour introduire son complice.

Et Francis Cabrel fera dans les arènes, résonner une chorale…

La nuit est enfin tombée sur la scène du Festival de Nîmes quand Francis Cabrel fait son entrée. Guitare en bandoulière, il « s’en vient confier sa peine au Peuple des Fontaines » du festival de Nîmes. Il est accompagné par les géniaux Nicolas Fizman à la contrebasse et basse, Denis Benarrosh aux percussions, Freddy Koella aux guitares et violon, Alexandre Léauthaud aux claviers ainsi que par trois choristes Himiko Paganotti, Olyza Zamati et Julia Sarr.

No Images found.

On remarque tout de suite le soin donné à la mise en scène. Chacun des musiciens est remarquablement éclairé sue scène, et leurs instruments mis en valeur. D’ordinaire tourné face au public, ou placé de profil, le clavier est généralement caché des spectateurs. Ici les deux instruments (piano droit et clavier numériques) d’Alexandre Léauthaud sont positionnés de manière à ce que le public puisse admirer le travail du pianiste. De même, un soin particulier est donné à l’écoute et au son : chacun des instruments s’entend parfaitement dans l’orchestre. La contrebasse de Nicolas Fizman, les guitares ou le violon de Freddy Koella comme les percussions de Denis Benarrosh sont des artistes à part entière dans le spectacle dont on distingue parfaitement le jeu de chacun.

Une set list qui met les femmes à l’honneur

Alors bien sûr, Francis chantera les titres de son dernier album « A l’aube revenant » (Chandelle Productions/Columbia) dont le magnifique « Te ressembler » dédié à son père. Mais il saura ne pas faire l’impasse sur ses meilleurs tubes, ceux que le public attend. Et dans le choix qui est fait, parmi les dizaines de tubes qui ont jalonné sa carrière, une place particulière est accordée aux femmes avec la sublime « Leïla et les chasseurs », « Petite Marie » bien sûr (reprise à capella avec le public, quel instant magique !) « La dame de Haute Savoie » et enfin « Rosie« . Il y a eu aussi cet instant si fort et particulier d’entendre « La corrida » dans ces arènes qui ont vu tellement d’oreilles portées en trophées, de pantins, de minus et de sang versé.

Deux soirées pour la paire d’as des auteurs compositeurs interprètes français. Des nuits de concerts mémorables dans l’écrin magique des arènes de Nîmes. Deux soirées pour les écouter, encore et toujours.

Laisser un commentaire